Ce qu’elle veut c’est avoir les cheveux au vent et la peau offerte aux caresses des herbes. Pour sa mère, les collants sont obligatoires, même l’été: depuis sa fenêtre, Mère-grand surveille les mollets et les cuisses de ses trop nombreuses filles, propriétés privées inaliénables avant le mariage. Dès qu’elle peut, Vendredi triche, libère ses mollets. Quand ses beaux genoux sont à la lumière, elle se sent forte, non pas comme ces ombres coupables qui glissent le long des murs. Elle prend un air, comme ça, lève le menton, parce qu’elle la seule à connaître la beauté véritable et qu’elle domine l’ignorante soumission des autres. Elle ne le sait pas encore, elle ne le dit pas encore, mais il lui répugne un peu d’être une fille et quand elle traverse la ville pour retrouver son père, elle se secoue des regards invisibles qui plombent sa démarche.
Impasse Verlaine de Dalie Farah, chez Grasset. Offert par ma pétillante Pauline P.
Merci !
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